L’Obs, 19 novembre 2021, par Anne Crignon
Sandra Lucbert : le roman de la dette et du chantage
Sandra Lucbert utilise la littérature pour raconter les ruses du capitalisme et parmi elles l’utilisation de la dette à des fins politiques.
L’économie étant une pâte trop malléable pour être laissée aux seuls économistes, Sandra Lucbert, auteure de Personne ne sort les fusils (Seuil, 2020), cherche un habillage littéraire à sa critique des doxas libérales. Dans Le Ministère des contes publics (Verdier), un refrain familier fait l’objet de toute son attention : la-dette-publique-c’est-mal. Se déploie l’énergie féroce et souvent drôle d’une Alice au pays du mensonge d’État, passée de l’autre côté du miroir économique, dessillée. Sur la dette, les essais se multiplient qui remettent en question sa gravité effective et dénoncent l’usage mortifère qui en est fait – en son nom sont supprimés des milliers de services publics : l’essai de Benjamin Lemoine, L’Ordre politique de la dette (La Découverte, préface d’André Orléan) ou l’enquête à la Candide de Christophe Alévêque (avec Vincent Glenn, La Martinière) intitulée On marche sur la dette, pour n’en citer que deux. Dans son livre, Sandra Lucbert met en scène des personnage politiques qui ne sont pas ses préférés comme Pierre Moscovici, contrôleur en chef de la dette sous Hollande, premier président de la Cour des comptes désormais. Une nuit de l’automne 2020, il entre dans le rêve de Monsieur T., infirmier à l’hôpital public qui en fait le récit à son psy. Extrait : www.