Le Soir, 14 janvier 2022
Pourquoi vanter le tabac ?
« Quoi que puisse dire Aristote et toute la Philosophie, il n’est rien d’égal au tabac… » Pourquoi Molière entame-t-il Dom Juan par un aparté de Sganarelle – un « discours apéritif » connu sous le nom d’« Éloge du tabac » – alors que le tabac ne joue aucun rôle dans cette pièce ? Ce petit livre savant démonte soigneusement les interprétations antérieures et, sur la base d’une analyse de chacun des termes, conclut que le mot « tabac » peut être remplacé par « comédie ». Il s’agissait pour Molière, après la condamnation de son Tartuffe, d’un plaidoyer en faveur du théâtre « à l’heure de son élimination possible, voire probable », plus précisément en faveur de la comédie que, selon l’auteur, la tragédie ne supplantera jamais. Mais pourquoi avoir choisi le mot « tabac » ? Une plongée érudite et passionnante en l’an 1664, à l’heure de la composition de ce texte et des déboires de Molière.