Le Vif/L’Express, 17 mars 2022, par François Perrin
Étudiant en médecine à Lyon, le narrateur de ce court roman se réveille vers midi le 1er janvier 1981, encore enivré, dans les bras d’une inconnue. Sa remémoration floue de la fête passée l’envoie étrangement sur les traces de Thésée, dont il s’amuse à narrer la trajectoire sur un ton badin, sans s’interdire envolées hilarantes et très libres interprétations. Puis, retour au réel, à ses hésitations amoureuses ou professionnelles, ses décisions parfois hasardeuses, ses bourdes relationnelles et sidérations sensuelles, entrecoupées de promenades chez Dionysos, Dédale, Priam et compagnie. Sur quelque 150 pages, Venet – lui-même psychiatre lyonnais – relit par le menu toute cette année 1981, où son cœur balance entre amoureuse plan-plan et muse tempétueuse, médecine et littérature, bachotage et Oulipo, le tout saupoudré d’incursions plus ou moins opportunes entre Homère, Virgile et panthéons divers. En courts chapitres lapidairement baptisés, il joue à disséquer son maelstrom post-adolescent à la lumière d’inextricables généalogies mythologiques, à railler joyeusement ses errances passées en plaquant sa carte du Tendre sur celle, luxuriante, des dérives sentimalo-maritimes d’illustres ou improbables héros grecs. Le tout, très tenu malgré l’apparente complexité de la toile, sert un humour constant, une efficace autodérision.