Libération, 2 juillet 2022, par Claire Devarrieux
Est-il vrai qu’on sait jouer du badminton une fois pour toutes, et que les poupées russes symbolisent l’insignifiance de la condition humaine ? La narratrice est déconcertée par les certitudes de son ami Mujae, mais c’est grâce à lui qu’elle a connaissance du danger : il ne faut jamais suivre son ombre quand celle-ci prend les devants, car elle attaque, et on en meurt. Ils travaillent dans un ensemble de bâtiments voués à l’électronique (et à la démolition), lui dans un atelier de fabrication de transformateurs, elle dans une boutique de réparation de matériel audio. Il y a aussi un intéressant vendeur de micro-ampoules pour appareils ménagers. Clients, employés et patrons luttent contre l’adversité et ont des histoires d’ombre à raconter, mais pas seulement. Et si la narratrice sait se montrer pleine de mansuétude à l’égard des créatures fragiles (cigale, grenouille, tout sauf les poissons), et de bonne volonté en général, elle n’a rien de mièvre. C’est juste que « les choses et les êtres qui disparaissent » lui semblent envahissantes. De la même autrice, Zoé a publié Je vais ainsi.