Ernest, 21 juillet 2022, par Rebecca Benhamou
C’est un récit intense, habité, et d’une grande sensibilité, qui commence par deux mots qui n’ont l’air de rien mais qui contiennent toute la démarche de l’autrice : « Et pourtant ». Malgré les aléas de l’existence, les douleurs de l’exil, et le deuil d’un grand amour, Carmen Castillo a continué à vivre, à militer, à réaliser des films. Cet ouvrage, publié au printemps dernier aux éditions Verdier, réunit deux brefs récits rédigés il y a longtemps : « Un jour d’octobre à Santiago » (1980) et « Ligne de fuite » (1988).
Ils retracent avec autant de force que d’humilité les années de militantisme de Carmen Castillo sous la dictature de Pinochet, son exil en France et son retour difficile au Chili. Mais aussi le sentiment de ne pas reconnaître son propre pays, et de lui être, bien des années après l’avoir quitté, un peu étrangère. Ses mots, qui disent l’intime autant que le collectif, font barrage à l’oubli.