Sortir du nucléaire, juillet 2022
Roman Brutal. C’est le mot qui décrirait le mieux Partout le feu d’Hélène Laurain. Brutal dans sa forme, déjà, car Partout le feu n’a pas de ponctuation. Le texte s’écoule, s’étire, s’enchaîne au rythme des sombres pensées de la protagoniste. Brutal dans son histoire, aussi. Celle d’une militante écolo qui, née en Lorraine le jour de la catastrophe de Tchernobyl, lutte contre les déchets du nucléaire et voit le monde brûler, tout en semant elle-même peu à peu. Entre prose et poésie, ce premier roman happe. Passées les premières pages qui nécessitent un temps d’adaptation à ce style original, il devient impossible de lâcher l’ouvrage. Pas de début, pas de fin, pas de repères : juste le besoin d’aller de l’avant et de voir où nous mène Laetitia. Ses pensées nous transportent du Snowhall de Thermes-les-Bains, à ses soirées entre potes, et passent même par Bure (ici désignée sous le doux nom de « Boudin ») et la maison de la résistance (« Maison-Lutte »). Partout le feu est aussi une histoire de deuils. Deuil de l’innocence, du confort, d’un monde « d’avant » qu’il faut abandonner si l’on espère un jour voir le monde « d’après » ; deuil de la biodiversité ; deuil de ses proches. Bref, un roman incandescent.