Le Monde des livres, 25 août 2022, par Florence Bouchy

L’exercice de la liberté

L’un est sous curatelle, l’autre sous tutelle. Les deux compères ont le droit, une fois par semaine, de quitter le foyer pour adultes handicapés où ils vivent. Ils vont boire un verre au café, où les patrons veillent discrètement sur eux. Jean-Luc et Jean-Claude, premier roman de Laurence Potte-Bonneville, évoque avec tendresse la panique qui s’empare des encadrants, des soignants et des patients lorsque, faisant usage de leur liberté, ces derniers échappent au cadre qui leur a été fixé. Pour suivre leurs envies, leurs rêves et leurs chimères. Quitte à risquer de se mettre en danger. L’autrice, qui travaille elle-même dans le monde associatif auprès de personnes précaires ou fragilisées par la maladie, sait suggérer la vulnérabilité de ses deux héros. Elle se place au plus près des consciences de chacun des personnages du roman. Et fait de minuscules péripéties, aux conséquences potentiellement dramatiques, le ressort d’une aventure follement humaine.