L’Humanité, 13 octobre 2022, par Sophie Joubert
Laurel et Hardy en baie de Somme
Laurence Potte-Bonneville imagine la fugue de Jean-Luc et Jean-Claude, deux pensionnaires d’un foyer pour handicapés. Une échappée tendre et loufoque.
Ils forment un duo à la Laurel et Hardy, improbable attelage entre un « petit mec engoncé dans une doudoune blanche » et un « gros balèze » avec des tatouages un peu ratés. Tous les jeudis, Jean-Luc et Jean-Claude quittent le foyer pour aller au café en se demandant en chemin ce qu’ils vont commander. Jean- Luc, fan de Goldman époque Quand la musique est bonne, reçoit tous les deuxièmes vendredis du mois une injection qui l’aide à garder son calme. Jean-Claucle, diabétique, doit faire attention au sucre. Quand Jean-Luc se met en tête d’acheter un billet de loto, Jacqueline, la patronne du café, les met dehors. Alors qu’une tempête menace sur la baie de Somme, les acolytes que tout le monde cherche fuguent pour aller voir les phoques de la pointe du Hourdel. Multipliant les points de vue et sans jamais nommer le handicap, Laurence Potte-Bonneville emmène les deux candides à la découverte du vaste monde, réduit à un périmètre de quelques kilomètres. Ils croiseront en chemin une poignée de personnages : Florent, blondinet d’Abbeville accro au café au lait ; Yvonne, la voisine du foyer, passionnée par les boîtes hermétiques et l’œuvre de Guy Béart; Abdelkader Frémeau, guide de l’association Nature et baie. En contrepoint, une grosse femelle phoque se demande pourquoi ces drôles de mammifères osent déranger sa quiétude. Un roadtrip tendre et loufoque remarquablement écrit.