Lire – le Magazine littéraire, novembre 2022, par Laëtitia Favro
En apparence, Elsa avait tout pour être heureuse. Un bel appartement. Un époux centralien. Deux enfants. Une vie rêvée à laquelle elle choisit pourtant de mettre fin, dans le placard menant à la chambre de sa fille. « J’allais garder à vie les marques de sa corde sur mon cou », affirme la coupable toute désignée pour n’avoir pas su protéger cette « mère éphémère » qui ne cessera pourtant de la hanter, ni repousser ce frère qui, des années durant, lui impose ses désirs incestueux. L’enfance dorée se recouvre d’un voile sordide : le silence d’une famille qui sait tout et ne dit rien. Avec ce premier roman traversé de fulgurances âpres et poétiques, Emma Marsantes propose une variation sur le thème médiatisé par La Familia grande : l’inceste au cœur d’une famille bien sous tous rapports, l’indicible pour lequel une langue dédiée doit être inventée.