Lire – le Magazine littéraire, février 2023, par Simon Bentolila
Récits à l’œuvre
Grâce à l’exploration de textes littéraires, l’auteur tente de redéfinir notre manière d’habiter la vie.
Grâce à l’exploration de textes littéraires, l’auteur tente de redéfinir notre manière d’habiter la vie. Dans une langue épurée contenant tout un écosystème, Camille de Toledo écrit comme il parle et parle un peu comme dans ses livres. D’ailleurs, cette lucide vertige est la déclinaison d’une série de conférences que l’auteur de Thésée, sa vie nouvelle a tenues il y a quelques années. C’est une exploration d’œuvres qui nous enseignent comment notre façon d’habiter et d’encoder la vie a conditionné nos vertiges, de la Renaissance de Cervantès, à l’époque contemporaine de l’écrivain allemand mort en 2001, W. G. Sebald.
Tombant et se relevant sans cesse, Don Quichotte « est l’image même de Sapiens narrans : un être qui croit plus aux récits qu’il tisse qu’aux épreuves de son corps et du monde ». Ses fictions lui servent de « principes de relèvements », il tient à la vie par sa « croyance narrative » et révèle ainsi notre condition. De ces narrations, nous nous réveillons lorsque survient une catastrophe pour tout de suite après nous rendormir. Ainsi cet exemple éloquent nous propulse dans l’expérience tolédienne qui ne manque pas d’ouvrir de nouvelles portes de l’esprit, comme lorsqu’il proposait dans son ouvrage collectif Le fleuve qui voulait écrire de traduire et de donner une personnalité juridique à tous les éléments terrestres afin d’organiser leur défense. Camille de Toledo trace des chemins, et voilà une définition de l’écrivain.