L’Alsace, 4 février 2023, par A. W.
Le goût des agonies imaginaires
Psychiatre urgentiste devenu écrivain, Patrick Autréaux annonce un cycle autobiographique qui débute par La Sainte de la famille. La sainte de la famille, c’est Thérèse de Lisieux que l’on prie, chez les Autréaux, pour guérir ou « ne pas devenir pédé ». C’est aussi mémé, une sainte femme, morte trop jeune quand le petit Patrick n’avait que cinq ans. Dans cette famille, meurtrie par ce décès, par la maladie et la résurrection de la mère, on est très pieux, jusqu’à faire des pèlerinages ou des réserves d’eau bénite. L’auteur a tout enfoui jusqu’à être touché lui-même par la maladie. En dialogue avec sainte Thérèse, il ouvre le tombereau de sa mémoire. Retrouve ce petit garçon et adolescent qui prenait plaisir à s’imaginer en mourant magnifique. Comme Jésus qui agonise depuis deux millénaires. Cet enfant attiré par la mort, humilié par son père, protégé par son grand-père mineur et saxophoniste le dimanche. L’auteur évoque son chemin mystique et celui de Thérèse, si chère aux Poilus qui lui confiaient leur vie.