L’Obs, 24 août 2023, par Élisabeth Philippe
De l’air !
On étouffe. À cause du dérèglement climatique et des canicules accablantes. À cause de la pollution. À cause des pandémies qui pèsent sur nos poumons. À cause des violences policières – « I can’t breathe ». À cause du climat politique délétère. Avec ce court essai fort bien inspiré, Marielle Macé ouvre grand nos alvéoles et nos neurones pour y faire entrer une bouffée d’air frais. Au fil de ses réflexions littéraires et philosophiques, irriguées par les pensées d’Achille Mbembe, défenseur d’un « droit universel à respirer », et par les vers de Ludovic Janvier ou d’Andrea Zanzotto, l’historienne de la littérature ménage des percées dans une atmosphère plombée. Pour de nouveau respirer, elle appelle à conspirer : « Partager un souffle, c’est-à-dire une sortie, une possibilité défaite, un chant. » « Ce qui respire au fond de la parole, c’est la fraternité », écrit-elle encore. Alors que la parole, entre nous, circule, avec toutes ces vitales particules d’oxygène.