Marie Claire, 11 septembre 2023, par Thomas Jean
Cuisine et descendance
[…] Un poisson friand de vase qui, une fois dans l’assiette en « dames beigeasses », comme s’en amuse l’autrice, n’a pas fière allure… Voilà pourtant la puissante madeleine autour de laquelle Élise Goldberg tisse ce premier récit à la première personne. À travers la carpe farcie, totem des repas familiaux chez les Juifs ashkénazes, c’est toute une généalogie gustative quelle fait sautiller, prétexte à de savoureuses digressions sur comment le yiddish claque entre langue et palais, à un drôle de banc d’essai de cornichons aigres-doux… Entre blagues et recettes, une mémoire de papilles et de mots, qui se dresse face au « jamais plus » – ces restaurants ashkénazes du Marais qui ont tous baissé le rideau, cette Varsovie qui a enseveli le ghetto… – et qui aide celles et ceux qui restent à tenir debout.