Gueuleton, décembre 2023, par Alexandre Fillon

Méta-carpe

Quand elle était enfant, tout le monde autour d’elle se pâmait devant la carpe farcie. « Aux yeux du non-initié, j’imagine combien ces réactions étaient mystérieuses. Comment s’extasier devant ces darnes beigeasses d’un poisson dont plus personne ne voulait, emplies d’une farce du même beige insignifiant, condimentées d’une sauce betterave qui donnait l’impression que l’animal était victime d’une hémorragie ? », écrit malicieusement Élise Goldberg dans son premier récit à picorer. Une série de fragments pleins de saveurs où elle consigne des souvenirs d’enfance et de la cuisine ashkénaze. Se rappelle les samedis soirs à regarder les épisodes de la série Columbo avec son père « en faisant un sort à la plaquette mastoc de chocolat Côte d’Or », le jour où elle a croisé Gainsbourg alors qu’elle avait treize ans et était juchée sur le zinc de Goldenberg avec sa mère. En n’oubliant pas d’insister sur l’omniprésence des cornichons dans les plats et pendant les repas.