RTS, 20 décembre 2023, par Sylvie Tanette
Un des premiers romans les plus remarqués de la rentrée, et à raison. En point de départ : une narratrice récupère chez son grand-père, juif ashkénaze immigré de Pologne, un frigo qui fleure toujours bon le chou – symbole d’un encombrant, mais utile héritage. Goldberg en tire un étonnant texte hybride qui mêle des anecdotes pleines d’humour sur la gastronomie d’Europe de l’Est, des souvenirs émouvants, des références cinématographiques, et de multiples questionnements.
L’autrice retrace le parcours d’une famille frappée par l’exil et la Shoah, s’interroge sur les silences nés de ces traumatismes. Choisir un texte fragmentaire pour parler d’une mémoire fragmentaire est bien évidemment l’idée de génie de Goldberg. Et l’un des exemples les plus réjouissants de cette modernité littéraire qui consiste à briser les frontières du roman et à mêler les formes, du documentaire à la fiction.