L’Obs, 15 février 2024, par Amandine Schmitt

Un grain de sable vient perturber la rentrée des classes d’un groupe de jeunes gens qui se connaissent « comme se connaissent les fourmis ». Ce grain de sable s’appelle Edda Marty. Elle a la particularité d’être la première fille à pénétrer ce lycée de garçons qui ouvre la voie à l’université. Mi-allemande, mi-slave, Edda Marty est brillante, spirituelle, courageuse et en quête désespérée de « se libérer du milieu mesquin des filles ». Son seul désir ? Être une étudiante comme les autres. Sauf que sa présence va catalyser des passions qui la dépassent. Fascinés par elle, ses camarades de classe, Mitis, Pasini et Antero, cherchent à la posséder de quelque façon que ce soit. Giani Stuparich (1891-1961), né à Trieste à l’époque où elle était austro-hongroise, signe un court roman incisif sur une jeune femme qui refuse d’être ramenée à sa condition. En filigrane, le portrait d’une jeunesse idéaliste, dont les illusions, à l’aube de la guerre, sont sur le point d’être fracassées.