Lyon capitale, mars 2024, par Caïn Marchenoir
L’incendie qui réduit en cendres la cathédrale de Pontorgueil est au centre du dernier roman du psychiatre et néanmoins écrivain, lyonnais, Emmanuel Venet, le bien nommé Contrefeu. Il convient de préciser que cette superbe église était le seul attrait touristique de cette bourgade provinciale. C’est donc une catastrophe que cet incendie qui en rappellera un autre au lecteur, et ce n’est pas un hasard, celui de Notre-Dame de Paris… Mais à quelque chose malheur est bon puisque le désastre permet à l’auteur de dresser de savoureux portraits. Il y a tout d’abord l’évêque de la cathédrale qui menait jusque-là une joyeuse vie de luxure, avec sa servante et une paroissienne, elle aussi enflammée. Mis en cause, ils se voient contraints d’avouer leur coupable liaison. Ce qui va bouleverser leur vie. Également sur la sellette, l’entrepreneur qui a fait des travaux dans la bâtisse ou l’assureur, escroc patenté qui mène grand train avec le maire, également expert en magouilles, mais dans le domaine politicien. Reste que les suspects privilégiés, si l’incendie est de nature criminelle, sont soit un migrant africain, coupable idéal par excellence, soit un rejeton d’une famille aisée, pourvu d’un mobile convaincant mais dépourvu d’alibi, soit encore un marginal, égaré dans les vapeurs de son addiction. Avec une irrésistible verve caustique, Emmanuel Venet décrit la vie secrète et les personnages hauts en couleur de cette commune frappée par un destin malicieux. C’est le bûcher des vanités !