Ouest France, 16 avril 2024, entretien
Un Paimblotin finaliste du Goncourt de la nouvelle
Le Goncourt de printemps consacre un premier roman, une biographie ou une nouvelle. Michel Jullien fait partie des cinq finalistes retenus dans la catégorie nouvelle. Rencontre.
Michel Jullien est un amoureux des lettres et des livres. Il était éditeur à Paris, et s’est refusé longtemps à écrire, pour ne pas tout mélanger, dit-il, et parce que pris par sa vie de famille et son amour de l’alpinisme, qu’il pratiquait dès que possible.
Il a commencé l’écriture quand il a arrêté la montagne. Si c’est sa première publication d’une nouvelle, le sexagénaire a déjà publié neuf titres, surtout des romans chez le même éditeur, Verdier, pour lesquels il a reçu plusieurs prix.
La nouvelle, il n’y a pas de fin
« C’est la première fois que je m’essaie à la nouvelle, confie l’auteur. Pendant le premier confinement, j’avais bâti une nouvelle que j’avais envoyée à mes amis pour garder un contact humain. Un roman, c’est une longue traversée avec un début et une fin. La nouvelle, il n’y a pas de fin. On peut en rajouter et, petit à petit, je me suis retrouvé avec treize nouvelles, qui font l’objet de ce bouquin. Le titre du recueil, Vu d’un cercle, emprunte celui de l’une d’elles. J’avais lu dans une revue d’alpinisme l’histoire de deux alpinistes autrichiens en grande difficulté dans la face nord du mont Blanc en 1906. Pendant tout ce temps, ils ont été observés au télescope depuis la vallée par des touristes. J’avais trouvé cela épouvantable ! Je suis souvent parti de faits divers lus dans des journaux d’époque. Tout se passe entre 1890 et 1940. Il y a une cohérence de l’ensemble. Beaucoup empruntent à des métiers anciens… D’autres ont pour trait commun certains lieux géographiques : trois se déroulent en montagne et quatre dans la Drôme et le Vaucluse, région chère à mon cœur. »
Michel Jullien est installé à Paimbœuf depuis 2017, grâce à une rencontre liée à l’écriture. « En 2015, j’ai été invité comme auteur à Saint-Nazaire et j’ai rencontré Laurence qui partage ma vie. »
« Je trouve Paimbœuf inspirant pour écrire »
Le couple s’installe dans une maison face à la Loire. « Je trouve Paimbœuf inspirant pour écrire. J’y suis tranquille, loin des milieux culturels parisiens. Ce sont des paysages qui ne me sont pas familiers et me poussent à la rêverie. »
Élu lors des municipales de 2020, Michel Jullien devient premier adjoint en charge de la culture. Ses discours sont des petits bijoux. Modeste et discret, il ne fait pas de publicité autour de cette nomination au Goncourt de printemps qui consacre un premier roman, biographie ou nouvelle. Les académiciens Goncourt réunis jeudi 4 avril, ont, en effet, établi leur sélection et placé Michel Jullien dans les cinq finalistes retenus dans la catégorie nouvelle.
« Tu es content forcément, mais il faut faire abstraction pour ne pas être déçu. Il y a des quantités de listes de prix littéraires. J’ai la chance d’être publié chez un éditeur de renom, un des derniers grands indépendants. Si je gagne, je serai ravi pour mon père fier du haut de ses 96 ans, pour ma fille et pour mon éditeur. »
Réponse mardi 14 mai.