Dernières nouvelles d’Alsace, 6 septembre 2014

L’héritage

Que laissons-nous à nos enfants, même à celui qui sera notre arrière-arrière-arrière-petit-enfant ? « Il doit bien y avoir autre chose au-delà de la malédiction familiale, autre chose que des cadavres, des guerres et des humiliations », s’interroge Louise Bentkowski. Autre chose que la violence masculine (du père en l’occurrence), que la soumission des femmes, que les déterminismes sociaux, que le poids du nom.

Elle, elle voudrait s’inventer « une parenté avec d’autres histoires, d’autres cultures ». Pour ce faire, elle convoque les traditions inuites, aztèques, aymaras (dans les Andes), les dieux (et tragédies) de la Grèce antique, et nombre de données scientifiques, pour détricoter et recoudre son héritage, « quand on y pense “écriture” et “couture” ne sont pas des mots si différents. » C’est une traversée lyrique, une croisade politique contre les inégalités sublimée par une poésie en colère, torrentielle. Célébrant au passage la mémoire de Victor, un oncle séminariste mort durant la Première Guerre mondiale.