Vogue, 10 juillet 2024, par Sophie Rosemont
Raconter les stigmates d’Auschwitz
« Je suis fille d’Auschwitz. Je fais de la résistance, c’est ainsi. Transmettre est ma vie, c’est la vie, c’est l’amour. C’est mettre en transe les traces et l’indicible », écrit Isabelle Cohen. Déportée en 1943 dans le même convoi que Charlotte Delbo, Marie-Élisa Nordmann-Cohen était résistante mais aussi juive… ce qui condamna sa mère à la chambre à gaz. Elle ne cesse, dès son retour, de témoigner, dans un silence et une incompréhension assourdissante. Aujourd’hui, sa fille, Isabelle Cohen, signe un premier livre de prose poétique bouleversante, de A à Z, qui encadre le nom – criminel, traumatisant, et que l’on ne doit surtout pas oublier – d’Auschwitz. Revenir, et Raconter, donc, le destin d’une femme d’exception tout en s’adressant à elle, nouant fort les liens de ce qu’on appelle la transmission – quelle que soit sa forme, aussi ovniesque soit-elle. Passionnant.