Vogue, 16 septembre 2024, par Sophie Rosemont

Le 16 juillet 1942, la police française rafle le père de Sarah Kofman, alors âgée de sept ans. Il est rabbin, il s’appelle Berek Kofman. Il ne reviendra pas. Plus de six décennies plus tard, celle qui est devenue philosophe et spécialiste de l’œuvre de Nietzsche comme de Freud décide de mettre fin à ses jours. Juste avant, elle aura écrit son enfance et son rapport au lien familial, avec Rue Ordener, rue Labat, originellement publié en 1994, ici réédité en compagnie d’un superbe texte inédit, Autobiogravures, fragments autobiographiques où elle évoque tant son rapport à la psychanalyse qu’à la littérature et à la Shoah. Son style, limpide et dénué de tout pathos, d’une grande élégance, font de Sarah Kofman une écrivaine française dont l’absence pèse toujours aujourd’hui.