Reporterre, 2 mai 2025
Tout semble fou dans ce récit réaliste, et délicieusement ironique. Voyez l’amorce : pour paiement d’une pige sur l’antique Thucydide, l’écrivain Olivier Rolin se retrouve passager d’un bateau en charge d’aller ravitailler les minuscules garnisons que la France coloniale maintient sur les îles Éparses, dans l’océan Indien – « histoire qu’on ne nous les fauche pas par surprise », commente l’auteur.
Entre les « débriefings à l’issue en passerelle » qui meublent les journées à bord, il prend des notes sur Giono et « le droit au délire capable de faire aimer même les approches de la mort », la vie grouillante et fantasmagorique de l’océan, « en dépit des efforts faits par les hommes pour l’anéantir ». Bref, on se réjouit de lire cette déambulation écolo qui s’ignore, avec son délirant monde d’avant et ses élans clairvoyants.