Le Point, 3 juillet 2025, par Bernard-Henri Lévy
De Jean-Claude Milner j’ai déjà dit, ici, qu’il est l’un des rares philosophes dont la parole, aujourd’hui, importe. Voici une occasion de le vérifier Cela s’appelle Reliefs d’un Banquet. C’est une anthologie de ses interventions au Banquet du livre de Lagrasse, qui rassemble, chaque été, à l’ombre de l’abbaye du même nom, des amoureux des mots et des savants austères. Trace de Gérard Bobillier, son inventeur… Présence de Benny Lévy, son inspirateur… Et lui, Milner, Y déployant sa pensée comme on ouvre un éventail… Il y parle de Koyré et des multiples métronomes qui, en chaque corps, battent la mesure. De l’exode selon Husserl. De l’adieu de Foucault à Kant et de sa relation obscure aux Lumières. Des liens attelant Descartes et Corneille à la Révolution française. De la rivalité, sur fond de comédie humaine, entre Metternich et Talleyrand. Il y explique comment la vérité ne divise pas ceux qui en doutent mais ceux qui Y croient. Ou pourquoi c’est quand on ne décide de rien qu’on doit vouloir et pouvoir. Goût et rigueur de pensée retrouvés: les éditions Verdier, qui le publient, n’ont-elles pas construit leur bibliothèque autour d’une traduction du Guide des égarés ?