La Croix, 24 juillet 1995, par Michel Crépu
Mettons qu’il s’agisse d’une petite troupe de théâtre qui tiendrait plus du Living Theatre à la manière avignonnaise tendance 68 que des troupiers de la Comédie-Française façon Jean Le Poulain. Ils vont à travers les campagnes et les places, se contentant en somme de jouer surtout à être eux-mêmes. Capricieux, un peu cruels, soudain pris dans des zones de silence et de caresses nocturnes ; ils s’appellent pêle-mêle Rebecca, Natacha, Rutila, mais aussi Sandor ou Grégoire […] Mettons encore que cette mirifique troupe de sauvageons figure assez bien ce qui pourrait s’appeler une allégorie du bonheur. On pense à La Danse de Matisse, à quelque chose dans ce goût-là. Comment le bonheur tient-il ? Tiendrait-il à la manière de cet échafaudage acrobatique de corps entremêlés qui fait l’enchantement du public avant de se désagréger sous les vivats ?