Lunes, octobre 1997, par Annie Perrier
On hésite à résumer certains romans qui tiennent leur lecteur sous l’emprise des sensations, de rythmes, d’images, autant que du récit lui-même. Le livre de Michèle Desbordes est de ceux-là : on reste envoûté par le climat mélancolique qui semble diluer être et choses dans ce paysage atlantique, comme on est envoûté par les lents mouvements du récit se recouvrant les uns les autres, à l’image des mouvements de la mémoire qui ne tient aucun compte du flux linéaire du temps, mais cherche à retrouver le passé à la manière de ces cours d’eau que l’on doit remonter pour en retrouver la source et qui disparaissent par endroits dans le sable. Le lecteur s’il lui est demandé de s’enfoncer dans des épaisseurs de temps, de pratiquer une lecture plus intime, plus lente que dans le roman traditionnel, éprouve alors le sentiment de déchiffrer les palimpsestes mêmes de la mémoire.