La Vie, 10 juin 1999, par Élisabeth Nicolini
C’est un livre sans dialogue, sans noms, une histoire muette, où le silence unit une servante sans âge et un vieil homme. Michèle Desbordes écrit ce qu’ils ne se disent pas ou qu’ils semblent se dire, avec leurs yeux, avec leurs gestes, leurs attitudes. […] Pas de lyrisme dans cette histoire, mais une tension et un suspense savamment distillés avec la lenteur de la Loire, qui coule non loin. Texte épuré à l’extrême mais dense, chargé de vie, d’émotions. Écriture sobre, précise, même lorsqu’il s’agit de traquer la lumière des ciels changeants ou de décrire des paysages d’hiver. Michèle Desbordes est non seulement une orfèvre, ciseleuse de mots, mais elle réussit à évoquer avec beaucoup de sensibilité la dureté de la vie des pauvres gens de la campagne, le travail incessant, épuisant, le froid, la fatigue et aussi le temps qui s’écoule inexorablement, et les pensées qui l’accompagnent.