em>Madame Figaro, 29 janvier 2005, par Alexandre Fillon
Un été de glycine
Ni essai ni roman, le nouveau livre de Michèle Desbordes se lit surtout comme un resplendissant hommage à la littérature, plus particulièrement à celle laissée par William Cuthbert Faulkner, écrivain nobélisé et inventeur de contrées imaginaires. Très inspirée, Michèle Desbordes vous atrape par le col pour vous replonger dans le comté d’Yoknapatawpha. Dès les premières pages resurgissent les champs de coton et de maïs, les vertes collines plantées de pins. On avance encore, et revoilà l’odeur pénétrante des glycines, les filles perdues, les vieux nègres fatigués, le domaine Sartoris, le domaine Campson, Benjy l’idiot et sa sœur Caddy. Lorsqu’elle découvrit Lumière d’Août, Michèle Desbordes fit connaissance avec Lena Grove, Joe Christmas et le révérend Hightower, ouvrant les yeux sur la grande chaleur d’août, les histoires souterraines peuplant l’œuvre de Faulkner, romancier que l’on voyait peu sourire sur les photos. L’auteur de La Demande imagine le petit William étudiant à la Graded Oxford School, celui-là même qui fut intrigué par Sallie Murry Wilkins, la première petite fille qu’il voyait d’aussi près, lorsque tous deux avaient quatre et six ans. Comment ne pas être ému par l’évocation d’un Faulkner amoureux transi se consumant d’amour devant cette Helen Baird pour laquelle il écrivait des poèmes et à laquelle il dédia son premier roman ?