Le Point, 16 novembre 2006, par Valérie Marin La Meslée
De L’Emprise émane cette douceur de la Loire face à laquelle Michèle Desbordes écrivit ce dernier roman, qui paraît quelques mois après sa disparition. Tremblant de pudeur sur la voie autobiographique, le livre amène les lecteurs de La Demande (prix du Livre Inter 1999) aux sources d’inspiration de l’écrivain. Les tournures impersonnelles (« il faudrait », « on voudrait ») retardent le moment de se laisser happer par les souvenirs d’enfance, mais quand il survient c’est pour toucher au cœur : l’image du père tenant sa petite sur ses épaules, ou l’effroi de cette dernière devant une mère à bout de nerfs… L’écrivain a exprimé ici son art poétique nimbé de mélancolie. Ce même sentiment réunit les artistes (de Tiepolo à Cendrars) dont elle a retracé les vies dans Artemisia, un opus bouleversant.