Madame Figaro, 26 août 2006, par Clémence Boulouque
Il a fallu lui dire adieu bien trop tôt. Révélée au grand public avec La Demande, Michèle Desbordes a succombé à la maladie en janvier 2006. Avec L’Emprise, la narratrice parle à un vous qui pourrait être elle-même et qui est chacun d’entre nous. Confidences, histoires d’amour, visages qui passent…, les mots de Michèle Desbordes évoquent les courbes d’une existence, l’amour d’une mère, la guerre, la mort et les choses dernières. Elle s’approche « de ces mémoires, de ces bonheurs qu’on peine à dire, ressentant, éprouvant les régions obscures et reculées où la parole ne peut aborder et où la phrase s’échoue, le seuil ultime au-delà duquel il devient dérisoire de figurer le monde ». Sa prose élégante et fragile s’insinue dans les demeures vides, dans les paysages de la Loire, dans l’enfance éternelle. Elle se pose sur le seuil des sentiments et dans leurs vacillements. Michèle Desbordes écrivait comme on murmure, elle écrivait comme une brise. Ni roman ni récit, le livre ne se résume pas, il pourrait être le précis d’une vie. Et le présent d’un grand écrivain.