Notes bibliographiques, juin 2014, par M. W. et J. C.-N.
« Il y a dans ce que je suis, comme elle, Calcutta, des palais à l’abandon… » Cette phrase initiale annonce l’approche de Dominique Sigaud, journaliste, écrivain, partie pour un séjour indien : une ville lentement apprivoisée par un moi omniprésent. Émotions, sensations, vibrations, attentes, souvenirs accompagnent la découverte du réel, hors chemins ordinaires, bien sûr. Et pour mieux se regarder vivre dans ce chaos organisé, elle alterne première et troisième personne, elle et je. La voici qui s’installe dans un quartier populaire – le marché, les gens, les bruits, le rythme de la vie –, dirige deux ateliers d’écriture, marche, fait des conférences, traverse le pont où passent chaque jour cinq cent mille Bengalis, longe les berges du fleuve… Marguerite Duras s’entend dès les premières phrases et devient omniprésente, trois représentations d’India Song s’organisant. Venue pour écrire, l’auteur repart, déchirée, rapportant quelques notes. Partir, Calcutta est rédigé au retour, symbiose sophistiquée d’une écriture magnifique et fortement évocatrice, entre une femme et une ville-monde.