Notes bibliographiques, octobre 2014
L’âme slave… L’expression pompeuse vient pourtant à l’esprit dès les premiers récits de Maxime Ossipov. D’emblée, ils évoquent Tchekhov, médecin comme l’auteur. Sauf que l’absurdité des vies en quête de sens ne tient pas entièrement à l’idéalisme et au fatalisme des protagonistes mais aussi à l’absurdité d’une société construite pour la collectivité où règne cependant le « chacun pour soi ». Puis une longue nouvelle suit un jeune joueur d’échecs russe à travers les États-Unis, très présents dans ce recueil. Une autre, magnifique, raconte le parcours de deux étudiants émigrés ; réunis par leur complicité culturelle et leur amour de Lermontov, ils se marient à Boston et voient leur fils grandir en petit Américain qui ignore l’univers de ses parents… Avec un humour désabusé, une tendresse sous-jacente, Maxime Ossipov offre ici une évocation inspirée et moqueuse de l’atmosphère de l’après-perestroïka, où ni la corruption, la gabegie, le trafic d’organes ou l’exil désiré n’entament l’attachement à la Russie éternelle.