Télérama, 5 novembre 2014, par Christine Ferniot
« Ne pas relire, accumuler seulement ces notations d’instants, puisque le même train, de jeudi à jeudi, en permettra la répétition. » François Bon a publié Paysage fer en 2000 et, quatorze ans plus tard, ce récit garde la même force de captation, de splendide ressassement, de tension permanente entre la phrase et le regard. Durant cinq mois, l’écrivain emprunta chaque semaine le même train, regardant défiler des images à travers la fenêtre. « Récurrence et répétition », écrit-il. Immeubles, antennes, jardins, usine, métal ferroviaire, écluse, son regard dissèque, sa main écrit chaque détail et le lecteur aperçoit autre chose, comme des faces cachées de la réalité. Paysage fer n’est pas un roman, et pourtant ce livre raconte bel et bien une histoire, des souvenirs, des repères, comme une mémoire collective et tellement personnelle.