Libération Next, 1er mai 2015, par Xavier Houssin
Façons de marcher
Une héroïne qui vagabonde, en quête d’elle-même. Un premier roman qui en a sous la semelle.
Il n’y a pas vraiment d’itinéraire. De lieu à rejoindre. L’important est de partir, de quitter, d’abandonner. De tourner le dos. La narratrice de Monologues de la boue marche, seule, sans autre but que celui d’avancer ailleurs. Ce faisant, elle gagne du terrain. Chaque pas après l’autre. Elle franchit le Pas-de-Calais, passe le Nord, les Ardennes. Va vers un toujours plus loin qui franchit les frontières. La Belgique, la Suisse. Et l’Espagne jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle… Elle fait de brèves rencontres. S’esquive. S’arrête. Continue son chemin. Parle de livres et de bêtes. À mille lieues du récit d’une randonnée, Colette Mazabrard fait la chronique de « traversées » qui sont autant d’échappées nécessaires. Les pensées vagabondent. Les champs, les sentiers creux, les bois, forment le paysage intérieur. Magnifique.