Le Petit Bulletin, 7 septembre 2016, par SD
Les « Asperger », du nom de ce syndrome autistique qualifiant certains autistes géniaux, ont toujours été une matière à fiction fort riche (de Rain Man à la série The Bridge), du fait notamment de leur rapport unique au premier degré, à l’hypocrisie et aux conventions sociales grandement pourvoyeur de situations décalées. Entre les mains d’Emmanuel Venet, par ailleurs psychiatre même si on le lui rappelle assez, un personnage atteint de ce syndrome ne peut (c’est malheureux à dire) qu’offrir de belles promesses de roman et même de roman drôle pour ne pas dire de drôles de romans drôles. On avait découvert chez l’auteur de Marcher droit, tourner en rond (tous les paradoxes du personnage sont dans le titre), avec son premier roman, Rien, belle surprise d’il y a trois ans, déjà publiée chez Verdier (éditeur de figures comme Pierre Michon, gage de qualité), un sens de l’humour unique et tout en demi-teinte, largement réemployée ici au service d’un homme ne cessant de buter sur les écueils de son idéal de transparence.