Le Point, 23 novembre 2016, par Marine de Tilly
Cure de jouvence
Les dernières années de Gustave Courbet sont, au mieux, résumées ainsi : « Poursuivi par la haine officielle, Courbet doit se réfugier en Suisse, où il meurt le 31 décembre 1877 », et, au pire ; expédiées en une phrase sévère : « Courbet ne peignit plus rien de bon et se tua à force de boire. » Heureusement, pour soigner les cécités de la doxa, il y a les cartomanciens, les romanciers et les poètes. Dans La claire fontaine, David Bosc ensoleille les années de Courbet au bord du lac Léman. Quand il passe la frontière, pourtant, le 23 juillet 1873, traqué, nié, fraîchement sorti de cabane pour avoir participé à la Commune, le peintre est « parmi la classe des hommes morts ». Mort, mais « qui fera l’amour avant huit jours », écrit Bosc. L’amour et puis la vie, la noce, la peinture. Et surtout il s’adonnera au plus au plus grand de ses plaisirs : marcher dans les bois et se baigner dans tous les ruisseaux, lacs et fleuves. Fendre les eaux, se ruer dans l’onde liquide, s’endormir enfin, assouvi, sur la rive du temps, un soir de Nouvel an.