Marianne, 3 novembre 2003, par Guy Konopnicki
Chalamov aussi important que Soljenitsyne
Lorsque paraissent, en 1971, les Récits de la Kolyma de Varlam Chalamov, le système concentrationnaire soviétique passe encore pour une dérive monstrueuse de la Révolution russe. En France, la plupart des intellectuels veulent croire qu’il s’agit là d’une déviation, dont ils attribuent la responsabilité à Staline. À cette époque, « l’effet Soljenitsyne » commence à peine, L’Archipel du Goulag est encore à venir. Contrairement à Soljenitsyne, Chalamov, ne semble pas proposer une théorie générale du système soviétique. Il décrit, avec une rigueur terrifiante, le camp où il a passé dix-sept années, au milieu de quelques milliers de compagnons d’infortune. Mais de ces récits, désormais publiés intégralement par les éditions Verdier, surgit la réalité implacable d’un système.
De la précédente publication, on retenait, surtout, cette image hallucinée de la colline où les morts déposés en hiver apparaissaient lors de la fonte des glaces sous le faible soleil boréal. […]