Le Monde des livres, 27 octobre 2017, par Monique Pétillon
Dérive rêveuse
Revenu à Paris en avion pour se rendre à un rendez-vous, un homme, troublé par le décalage horaire, lutte contre le sommeil sur un banc. Le récit se passe en une journée : elle contient le temps tout entier, pour ce narrateur qui, en proie à une dérive rêveuse, est balloté « dans une houle de lieux, d’époques, de visages oubliés ». L’horloge des Saints-Apôtres, merveille de l’art byzantin, où des figurines sortaient de vingt-quatre petites portes. La pendule familiale, dans un hameau de la campagne limousine, lié à un premier souvenir d’enfance. À l’occasion d’une rencontre, le rêveur éveillé évoque un paysage originel – qui figurait déjà dans La Grande Sauvagerie (Verdier, 2010). Qu’il s’agisse d’évoquer le goût des biscuits dont les grands-mères avaient le secret ou l’éphémère splendeur d’une pluie de météores, l’écriture somptueuse de Christophe Pradeau parvient à « élargir l’intimité de la conscience aux dimensions du monde ».