Lire – le Magazine littéraire, décembre 2021, par Baptiste Liger
Sans un bruit
Fresque de 700 pages, Lilas rouge aura révélé en France l’Autrichien Reinhard Kaiser-Mühlecker.
On ne dira jamais à quel point la littérature autrichienne est l’une des plus passionnantes au monde – ces deux prix Nobel en moins de vingt ans (Elfriede Jelinek et Peter Handke) ne doivent rien au hasard. Si l’un des événements de la rentrée a été l’odyssée en cinq volumes de Philipp Weiss (Le Grand Rire des hommes assis au bord du monde), on aura aussi été bouleversé par une autre fresque, d’un trentenaire follement talentueux : Reinhard Kaiser-Mühlecker. Son quatrième roman (mais le premier traduit en France), Lilas rouge, nous plonge dans les terres de Rosental, où un ancien dignitaire nazi s’installe avec sa fille mutique. Une arrivée qui ne plaît pas forcément aux habitants.
D’autant que le fils, sorti de geôle, ne tardera pas à moderniser l’activité familiale. Dans une écriture à la fois sèche et lyrique (magnifiquement retranscrite par Olivier Le Lay) qui saisit toutes les sensations, Reinhard Kaiser-Mühlecker montre admirablement tous les mécanismes de la répétition de l’Histoire, le silence des individus et les vérités aux airs de malédiction, qui peuvent surgir à tout moment. Et c’est juste magnifique.