Édition bilingue. Traduit de l’anglais par Jean-Yves Masson
Collection : Littérature anglaise
96 pages
10,14 €
978-2-86432-188-0
janvier 1994
Les quinze poèmes rassemblés par Yeats dans Michael Robartes et la danseuse reflètent l’essentiel des thèmes et des événements de sa maturité : les drames de l’Irlande, la Première Guerre mondiale, la rencontre de l’Épouse et le dialogue avec les esprits, enfin la naissance d’un premier enfant, prennent place dans une architecture savamment concertée. Confronté à la « beauté terrible » de son temps, le poète visionnaire voit dans l’amoncellement des ruines et dans la perpétuelle négation des vérités partielles que chaque époque voudrait ériger en règle absolue, la leçon majeure de l’Histoire. La tâche de la poésie, apocalypse et mythe intime confondus, est alors de révéler l’âme par les yeux de l’imagination, les fragiles figures dansantes par lesquelles elle peut conquérir une paix d’au-delà du monde.
Le Rosier
« Comme on dit des mots à bon compte ! »,
Disait Pearse à Connolly,
« Peut-être est-ce leur trop prudente haleine
Qui a flétri notre Rosier ;
Ou peut-être n’est-ce qu’un vent
Qui souffle sur les flots amers. »
« Il suffirait de l’arroser »,
Répondit James Connolly,
« Pour que sa verdeur lui revienne,
Qu’il s’étende de tous côtés
Et que tous ses bourgeons éclatent,
Et qu’il soit l’orgueil du jardin. »
« Mais où puiserons-nous de l’eau »,
Dit Pearse à Connolly,
« Quand tous les puits sont asséchés ?
C’est clair, aussi clair qu’il peut être :
Seul notre sang, notre sang rouge
Pourra en faire un vrai Rosier. »
Carle Bonafous-Murat, « La pudeur du visible dans Michael Robartes and the Dancer », Études irlandaises, hors-série, 1994.