L’Obs, 6 octobre 2022, par Véronique Cassarin-Grand
Une mère éphémère
Il faut se faire violence, comme l’autrice de ce premier roman dont on redoute qu’il ne soit autobiographique, pour consentir à affronter un tel paroxysme de douleur. Dans une langue de survie, sèche, revêche, suffocante, Emma Marsantes retrace l’enfer familial que Mia, sa narratrice, a vécu. Enfant en apparence privilégiée de la haute bourgeoisie neuilléenne, elle grandit entre un père tyrannique, une mère adorée mais « inhumaine » et un frère aîné qui la bat et la viole pendant des années. Un jour, Mia avoue l’inceste. « Je vois ma mère tout doucement pourrir. Envenimée. » Jusqu’au suicide. « J’allais garder à vie les marques de sa corde sur mon cou. »