La Dépêche du Midi, 12 décembre 2023, par Pascal Alquier
Récemment, dans le film documentaire du réalisateur toulousain Francis Fourcou Un pont au-dessus de l’océan, l’archéologue audois Jean Guilaine témoignait du passé occitanien en regard/miroir de celui de l’Amérique des Indiens Osages. Et depuis longtemps l’homme défend la prééminence de la période néolithique dans l’histoire de l’humanité comme dans son ouvrage Mémoires d’un protohistorien. La traversée des âges, paru chez Odile Jacob en 2019. Quatre ans plus tard, l’antienne est la même, par l’entremise d’un prisme plus ciblé grâce à L’Aube des moissonneurs. Du néolithique en particulier et de l’archéologie en général, édité par les éditions Verdier. Ce livre d’entretien avec l’historienne Laurence Turetti et le journaliste Georges Chaluleau permet de revenir sur cette réflexion historique que le scientifique mène depuis de longues années, à partir des faits bruts de terrain, sur la transformation fondamentale que fut l’avènement des sociétés néolithiques et sur leur héritage. Jean Guilaine évoque ici la naissance de l’agriculture, voilà 6 000 à 10 000 ans, après la période nomade des cueilleurs-chasseurs. C’est de « révolution néolithique » dont il parle, menée grâce à l’élevage des animaux, la culture des plantes nourricières qui ont entraîné la sédentarisation d’Homo sapiens. Trois « épicentres » ont ainsi vu le jour sur notre planète : le Proche-Orient (vers – 9000) avec le blé, l’orge, les légumineuses puis l’Afrique centrale (– 3000) pour le mil, le riz africain et le sorgho, la Chine (vers – 8000) avec le riz et le millet, le Mexique (– 6000) pour le maïs, l’avocat, le haricot puis l’Amérique du Sud (– 4000) avec le piment, la pomme de terre et le maïs.