Vogue, 30 octobre 2025, par Sophie Rosemont

« Devoir parler sans pouvoir parler ni être entendu, telle est l’exigence éthique (qui ne fait qu’un avec l’exigence la plus haute d’écriture) à laquelle se plie Robert Antelme dans L’Espèce humaine, livre sublime, convoqué ici parce qu’il témoigne en suffoquant pour l’incommensurable, pour ceux qui n’ont pas eu le droit de parler : des millions d’hommes, de femmes et d’enfants réduits en cendres ». Ainsi l’essayiste et la philosophe Sarah Kofman, entre autres spécialiste de Nietzsche, présentait cet écrit. Portant le traumatisme de la déportation et de la mort de son père à Auschwitz, cet essai d’abord publié en 1987 interroge le sens perdu, parfois retrouvé, des mots – en particulier ceux de Maurice Blanchot concernant l’expérience concentrationnaire. Suivi de Comment s’en sortir, un essai qui puise autant dans l’intimité que dans les (vastes) connaissances littéraires de son autrice.