Collection : Philosophie
192 pages
15,22 €
978-2-86432-077-7
mai 1988
Aux abords de l’ère chrétienne, dans cette métropole de la civilisation qu’était Alexandrie, les intellectuels juifs de culture grecque pensèrent retrouver dans la sagesse des poètes et de philosophes grecs les grandes leçons de leurs pères. Leur fierté pouvait n’en pas souffrir, du fait de l’antériorité de la Torah ; il leur apparut que la « philosophie de Moïse » contenait celle de Platon. La Bible avait été traduite en grec, ils se mirent à commenter ce texte de la Septante. Philon nous a ainsi laissé un ample commentaire du Pentateuque. La langue et les notions de la philosophie sont alors mises à l’épreuve de l’Écriture. En retour les versets s’entendent à partir des grandes distinctions articulées en Grèce : sensible/intelligible, mortel/immortel. Dans cette expérience de pensée, qui gagne ? Le Dieu d’Israël ou le Logos ? La question est d’importance : source chrétienne, l’exégèse philonienne détermine pour longtemps la lecture de la Bible en Occident.
Pour approfondir la question, il est apparu nécessaire de lire Philon en regard des pharisiens. De le suivre dans son trajet exégétique, puis de refaire le chemin avec les maîtres d’Israël. Qu’en est-il chez l’un et les autres de la différence : du masculin et du féminin, des nations d’Israël, de l’esprit et de la lettre, et en dernier ressort du Créateur et de la créature ? Si l’interprète grec spiritualise et réduit ces différences, les pharisiens à partir de la Lettre déploient un autre horizon. L’intériorité ne s’entend pas de la même manière ici et là. L’enjeu pour nous de ce long parcours dans le monde des versets est d’approcher le point où la philosophie s’épuise à dire ce qui se trame dans les lettres carrées de l’Écriture. Ce point n’est autre que l’Un lui-même.