Technikart, mars 2010
Un quasi siècle après Duchamp, le discours sur la création artistique – enseigné aux étudiants, soutenu dans les revues, défendu par les artistes en vue – s’est transformé en une bouillasse assez pitoyable. On ne saurait donc être trop reconnaissant au philosophe Paul Audi d’avoir composé cet ambitieux traité, épais mais clair, quasi exhaustif, toujours passionnant, consacré à l’acte de Créer et appelé à devenir le livre de chevet de tout apprenti artiste qui se respecte.
Pourquoi s’échine-t-on à créer par gros temps de nihilisme ? Quel est ce saut dans l’inconnu que requiert toute création ? N’y aurait-il pas un enjeu éthique qui sous-tend une authentique esthétique ? Considérant l’art non pas comme un truc cool et qui tape, mais une voie d’accomplissement, Audi déplie ces questions avec une rigoureuse maestria. Expose les intuitions de Rousseau, Nietzsche ou Heidegger et commente les motivations de Molière, Mallarmé ou Van Gogh. Proposant ainsi une pensée de « l’esth/éthique » dont la visée ne serait pas moins que la « survie » dans tous les sens du terme.