Télérama, 19 juin 2013, par Nathalie Crom
Ce sont sept textes en prose, sept méditations dont la succession trace un parcours, raconte une expérience intime et essentielle. « Depuis mon hospitalisation en urgence un soir, après qu’on m’eut annoncé que les douleurs sans cause dont j’avais souffert depuis des mois étaient en fait un cancer, j’étais devenu un habitant de ce rien qui entoure tout », écrit Patrick Autréaux, au seuil de cet itinéraire. En sursis, donc. Avec pour seul horizon « l’avenir fermé, opaque ». Et tandis que son corps se soumet au traitement de choc d’une chimiothérapie, son esprit entreprend une navigation qui le mènera de l’impuissance, de l’hébétude initiales, du désir de « renoncer à tenter de rien déchiffrer », à une « aspiration faramineuse […] : non pas changer ou devenir nouveau, comme je l’avais cru, mais écrire autrement – écrire pour soigner de ce que personne ne peut nous guérir ». Ou encore : « écrire pour les temps de malheur ». Tout ensemble spéculatifs et intuitifs, singuliers et souvent très beaux, les sept chapitres de Se survivre sont comme les paliers de ce chemin initiatique, qui n’est pas sans lien avec le sacré.