La Liberté, 18 mars 2006, par Alain Favarger
Peter Handke et ses notes
Auteur prolifique, Handke aime alterner romans, essais, récits de voyage. Aujourd’hui nous parviennent, huit ans après leur édition originale, les notes des Carnets du rocher, écrites lors d’un long séjour de l’auteur à Salzbourg dans les années 80. Empreintes de philosophie douce-amère, ces réflexions sur l’amour, le désir, l’écriture se lisent avec plus d’entrain que certaines des fictions lourdes et bavardes de l’Autrichien.
Il y a là dans la recherche de la formule courte, voire de l’aphorisme, une tension, un souffle qui méritent l’attention. Ainsi dans tel éloge de l’amertume, état fécond qui fait ressortir le fond de l’être, ou de la lenteur indispensable à la jouissance.
Lire et écrire sont définis ici comme la recherche d’une secousse, d’un ébranlement qui donnent des bras et des jambes à l’ardeur de vivre.
Beaucoup d’ironie traverse aussi ces pages, et bien des obsessions, des peurs nocturnes. « Je crois au péché mortel », s’écrie même l’écrivain qui sait avoir rencontré des hommes et des femmes « faits avec les immondices de l’enfer ». Pages troublantes que viennent apaiser maints aperçus et notes de voyages en Engadine, en Slovénie et bien sûr en Italie, là où la splendeur des paysages redonne de l’élan au désir de pureté.