Télérama, 14 février 2007, par Martine Laval
Christian Garcin arpente des territoires à la fois inconnus et intimes, et s’approprie tous les genres (le roman, le récit, la nouvelle) avec un naturel émouvant. Il suffit de se laisser porter par son écriture, entre force et légèreté, de se laisser emporter dans son univers, qui navigue entre imaginaire, méditation et matérialité. Dans Le Scorpion de Benvenuto, il écrit deux histoires de guerriers, de champs couverts de corps dépecés. L’une se déroule en 1415, l’autre en 1999, et qu’importe qu’il s’agisse d’Azincourt ou de Gaza, la mort est toujours la même. Il reprend les mêmes dialogues d’un texte à l’autre, et l’effet est surprenant.
Dans L’Autre Monde, qu’il publie parallèlement, Christian Garcin s’attache cette fois au peintre Gustave Courbet et à un tableau, Cerf courant sous bois, une œuvre moins connue, moins scandaleuse que L’Origine du monde. De digression en révélation, il avoue chercher toujours « l’autre monde », celui de l’écriture et de ses labyrinthes à l’infini – comme ces sous-bois sombres et mystérieux dans lesquels s’élance un animal.