François Bon
Quatre avec le mort
Trois personnages veillent un proche. Le fils et la fille du mort, l’épouse du fils, amie d’enfance de la fille.
Surintensité des perceptions, de la remémoration, exacerbation de ce qui les relie l’un à l’autre.
Dans cette mise à nu, pour tenter de continuer, chacun franchit une étape, va à sa limite puis reprend sa place initiale, mais pas tout à fait.
Approcher plus près la coque intérieure de trois êtres, quand cette protection un instant cesse, à cause du corps qu’on veille, dans la pièce à côté.
Se chercher soi-même, choisir que le temps du théâtre soit le temps de cette explication personnelle.
François Bon
La pièce, mise en scène par Charles Torjman, a été jouée au studio de la Comédie française du 8 mars au 14 avril 2002 et à La Manufacture de Nancy du 23 au 27 avril 2002.
HIRTA. — Quatre avec le mort : nous encore une fois ici jetés
Comme la peau qu’on vous enlève vos regards sur moi
De la porcelaine ou pire
Vos yeux ce qu’il y a dedans : rien
Qu’est-ce que ça change dedans pour vous ce soir : rien
BORERAY. — Rien jamais ne change qui déjà ne soit là
DUN. — Des yeux tu dis de porcelaine
L’image est belle, qui n’a pas pleuré toi seule
BORERAY. — Si fréquenter la mort vous enlève un instant la peau ordinaire
Être ensemble voudrait rendre cela peut-être supportable
Un peu plus supportable
HIRTA. — Encore une fois pour ce qu’on traverse, dégoût
Ce qu’on accomplit, du vide :
Qui ou quoi impose qu’ainsi on s’exhibe et pourquoi
Pourquoi ici si peu de lumière
BORERAY. — Allume si tu veux pourtant
Avant que sur le corps ordinaire la peau se referme
Avant qu’à nouveau on marche là-bas dehors
Sans plus rien savoir toi de moi ni moi de toi
Moi ici je préférerais du noir
Et même un tissu de plus sur la lampe
DUN. — Frère et sœur mari et femme
Qui veut quoi de qui
De nous tu veux quoi que cette cérémonie ce soir pourrait en une heure
De moi comme d’elle changer et t’offrir