Service littéraire, octobre 2011, par Bernard Morlino
Façon Jean Giono
Un grand poème en prose avec des phrases qui vrillent le cœur.
Pas du tout facile à faire, François Dominique a écrit un livre en se mettant dans la peau d’une petite fille qui a le pouvoir de lire dans la pensée de ses proches. L’ensemble est fait de phrases courtes et sincères qui vrillent le cœur. Face à son père, Solène pense qu’il pense… : « Solène m’inquiète. Ses paroles ne sont pas, n’ont jamais été des paroles d’enfant. Parfois, je la trouve sournoise […] Je me sens comme surveillé par l’enfant que j’aime le plus ». Ambitieux, ce roman casse-gueule est maîtrisé de bout en bout. C’est un immense pan poétique que l’on prend en pleine figure. Solène contient beaucoup de fraîcheur d’âme. Son auteur porte la barbe, mais il n’a pas tué l’enfance en lui. Ce livre est un grand poème en prose. Il parle de la nature avec une voix qu’on entend peu depuis Jean Giono. Un cinéaste pourrait tirer un chef-d’œuvre de ces pages. Le cinéma permet des effets que beaucoup de lecteurs ne savent pas voir lorsqu’ils tiennent un texte entre les mains. Hélas !