Le Figaro, 13 juin 1996, par Patrick Grainville
Pierre Bergounioux poursuit son archéologie personnelle, explore ses soubassements, quelque part du côté de la Corrèze et de Brive. Nulle nostalgie là-dedans. Nulle complicité béate avec le sol où notre histoire s’enracine. Bergounioux est l’anti-Giono. Il ne cesse de déclarer la guerre à sa terre, il n’en finit pas de vider « son différend » avec elle, avec son père mélancolique, avec toute une lignée austère et funèbre. S’il interroge sa mémoire, c’est pour s’affranchir d’un enfer. […] Le « on » si caractéristique de Bergounioux secrète un découragement collectif, atavique et macabre. On est pris dans les rets d’une pulsion de mort inscrite dans les pierres, dans la répétition du même obstacle, de ce plissé, de ce chevron géologique.